Arrosoirs & sécateurs

Les orchidées sauvages observées dans la nature.

On trouvera un glossaire en bas de page.

LES ORCHIDEES AUTOUR DE NOUS


Rien n’est banal dans l’histoire des orchidées, ni leur adaptation ni leur évolution. Depuis longtemps les botanistes s’intéressent à elles (Darwin étudie leur fécondation en 1862, Noël Bernard met en évidence la symbiose mycélienne en 1899).De nombreux laboratoires universitaires de biologie végétale travaillent sur les orchidées. Avec 800 genres et 35000 espèces identifiés à ce jour, c’est la plus vaste famille des plantes à fleurs. On les trouve sous tous les climats, sur tous les continents, sauf les déserts absolus et les zones constamment gelées. Elles sont considérées comme « plantes pionnières », s’installant rapidement dans les zones les plus ingrates (terrils du Nord, voies de chemin de fer désaffectées, friches claires, terrains industriels abandonnés…).
Le plus ancien fossile d’orchidée connu a été découvert en Bavière en 1982 et serait âgé de 15 millions d’années. On a aussi retrouvé du pollen sur des fossiles beaucoup plus anciens. D’autre part les similitudes entre espèces de tous les continents laissent penser à un ancêtre commun, d’avant la séparation des plaques, soit antérieur à 120 millions d’années.
En France métropolitaine, on connaît 160 espèces d’orchidées – toutes terrestres et vivaces- dont 40 en Bretagne. Elles présentent une grande capacité d’adaptation à leur milieu et peuvent pousser sur tous les terrains. On les rencontre aussi bien près du littoral qu’en montagne, dans les zones desséchées ou dans les tourbières. Cependant, on en trouve davantage dans les zones chaudes et les sols pauvres et calcaires. On assiste actuellement à une « remontée vers le nord » de certaines espèces à répartition méridionale, en suivant plutôt les zones côtières ( Serapias parviflora, Ophrys fusca, Neotinea maculata …)

CARACTERISTIQUES

CLASSIFICATION :
Monocotylédones —> orchidacées—>Orchis, Ophrys, Dactylorhiza, Anacamptis, Epipactis, Serapias, Liparis, Spiranthes, Platanthera, Cephalanthera, …
Les progrès de la Botanique entrainent des modifications dans la classification et des changements de noms. Exemple : Orchis bouffon —> Orchis morio —> Anacamptis morio

CARACTERES DISTINCTIFS (presque constants)

  • Symétrie bilatérale
  • Constitution de la « colonne » (organe central réunissant étamine et pistil, appelé aussi « gymnostème »)
  • Présence du « rostellum » (promontoire situé sur la colonne, empêchant l’autofécondation – sauf sur l Ophrys apifera, capable de se féconder elle-même si l’insecte pollinisateur est défaillant-)
  • Pétale médian développé en « labelle », piste d’atterrissage pour les insectes et pouvant servir de leurre.
  • Pollinies (= grains de pollen) disposées en masses agglomérées, cireuses, reliées à un organe collant qui va se fixer sur l’insecte pollinisateur.
  • Graines microscopiques innombrables (entre 100000 et 1 million de graines dans une capsule. Ce sont les plus petites du monde végétal, elles ne mesurent que quelques centièmes de millimètre et sont emportées par le vent. Elles peuvent rester en dormance plusieurs années, en attendant des conditions favorables pour germer. Seulement 1% donneront une plantule.)
  • Feuilles entières à nervures parallèles, concentrées en rosette à la base de la tige ou alternées le long de celle-ci, unies ou ponctuées de taches sombres.
  • Organisation florale de type 3 :
    3 sépales, 3 pétales, 3 étamines (dont le plus souvent une seule est fertile)
orchidées sauvages S : sépales (1 dorsal et 2 latéraux)

P : pétales (1 médian et 2 latéraux)

R : rostellum ( excroissance plus ou moins développée, située entre la cavité stigmatique et les pollinies)

1 : gynostème( = colonne)

2 : pollinies

3 : cavité stigmatique

4 : macule

5 : gibbosités

6 : labelle (pétale médian pouvant servir de piste d’atterrissage)

  • Inflorescences : isolées, en épi ou en grappes
  • Système racinaire :
    Les organes souterrains sont de 3 sortes :
    Tubercule (le plus commun) en forme de testicules - fig a- (« orkhis » signifiant testicule en grec, nom donné vers 300 av JC, par Théophraste, fondateur de la botanique en tant qu’étude des plantes pour elles-mêmes et non pour leur utilité). Il y a 2 tubercules : un sec qui a donné la tige de la plante et un plein qui produira la plante de l’année suivante, éventuellement au bout d’une tige souterraine, ce qui provoque le déplacement du plant d’une année à l’autre (fig d). Les Orchis, Ophrys, Platanthéras ont des tubercules.
orchidées sauvages orchidées sauvages

Rhizome :

tige souterraine charnue (Epipactis, Cephalanthéras) parfois digitée (Dactylorhizas) orchidées sauvages

Racines enchevêtrées : ( Neottia)
orchidées sauvages

Le système racinaire ne comprend pas de radicelles. L’orchidée a besoin d’un champignon microscopique pour se nourrir : les mycorhizes lui permettent d’absorber l’eau, le phosphore et l’azote. Elles ont aussi un effet protecteur (antibiotique) et une action de type hormone de croissance. En échange, la plante fournit au champignon les éléments nécessaires à sa croissance (sucres).
Cette symbiose mycorhizienne intervient dès la germination : les graines ne contiennent aucune réserve nutritive et dépendent de la présence du champignon pour pouvoir se développer.


STRATEGIES DE POLLINISATION
Dans 95% des cas, les orchidées sont « allogames » : la pollinisation se fait entre fleurs portées par différents individus, d’où de nombreux hybrides, même entre genres différents. On parle à leur sujet de « fluidité des espèces ». De plus dans une même espèce on peut avoir une très grande diversité de formes et de couleurs, d’où bien des difficultés d’identification.
Quelques orchidées (Ophrys apifera) sont « autogames » : la pollinisation peut se produire dans une même fleur.
Dans les 2 cas, il faut que le pollen entre en contact avec les stigmates de la fleur. Les orchidées ont besoin des insectes pour être pollinisées et chaque espèce s’est adaptée à un insecte défini. On sait que la vanille était dépendante de la petite abeille « melipona » et qu’en son absence on a dû recourir à une intervention manuelle.
La floraison des orchidées est particulièrement longue pour multiplier les chances de pollinisation. Pour attirer les insectes, les orchidées ont adopté différents stratagèmes, dont la finalité est toujours que le pollen se fixe au corps de l’insecte :
- piste d’atterrissage, toboggan, tunnel, poche
- mimétisme de forme, couleurs, odeurs. Les ophrys s’épanouissent quelques jours avant l’éclosion des insectes femelles, trompant ainsi les mâles déjà nés. Elles émettent des composés chimiques identiques aux phéromones des femelles et détectables à plusieurs km. L’Epipactis, pour attirer le syrphe qui pond là où il y a des pucerons dont ses larves vont se nourrir, émet les mêmes molécules que celles des pucerons lorsqu’ils sont attaqués.
- système de trappe (sabot de Vénus) qui oblige l’insecte à ressortir en passant au contact des pollinies.
- nectar, ou « miroir » faisant croire à la présence de nectar. Certains nectars contiennent un alcaloïde dont l’insecte devient dépendant (Epipactis).
Fixation des pollinies sur l’insecte (ou le crayon !)
orchidées sauvages
- effet enivrant de certains parfums : les insectes semblent grisés et reviennent obstinément sur les fleurs qui émettent ce parfum.
- leurres : certaines orchidées imitent des fleurs riches en nectar alors qu’elles n’en contiennent pas (Orchis, Dactylorhizas), miroir ressemblant à du nectar.
- parfum émis en fonction de l’insecte désiré : la nuit uniquement pour les papillons de nuit (Plathantéras).

REPRODUCTION VEGETATIVE
La reproduction peut également se faire par les organes souterrains qui se développent d’année en année. On observe alors une extension rapide des surfaces colonisées lorsque le milieu est favorable, avec l’apparition de tapis génétiquement identiques (Epipactis palustris).

USAGES THERAPEUTIQUES
Depuis l’Antiquité on emploie les fleurs ou les tubercules des orchidées pour leurs vertus curatives. En dehors des protections qu’on leur prêtait contre les démons, les mauvais sorts ou l’esprit des morts, la confection de talismans et de filtres d’amour, voici quelques usages courants :

- Orchis mâle —> anti-diarrhéique, tonifiant (bulbe plein), sédatif (bulbe sec). Impuissance, asthénie, troubles nerveux. Toujours utilisé en Turquie (salep)
- Blétilla —> antihémorragique, anti-inflammatoire. Racine utilisée contre les brûlures, soulage les symptômes des maladies pulmonaires. Contient une substance favorisant la coagulation sanguine. Utilisée en Chine depuis 1500 ans.
- Cypripedium —> en homéopathie : sédatif nerveux. Insomnie, agitation.
- Epipactis latifolia —> contre les douleurs arthritiques.
- Orchis bouc (racine) —> aphrodisiaque
- Spriranthes diuretica (racine) —> diurétique (Amérique du sud)

Selon les critères de la médecine occidentale, on n’a trouvé ni substance toxique, ni effet thérapeutique dans les orchidées.
Certaines feuilles sont odorantes après séchage. On les utilise dans certaines régions pour parfumer le linge.

GLOSSAIRE


ANTHERE : Partie renflée de l’étamine, contenant le pollen
ARTICULE : Se dit d’un labelle séparé en deux par un étranglement
AUTOGAMIE : Autofécondation (contraire : allogamie)
CASQUE : Regroupement de pièces florales (sépales, pétales) en un ensemble coiffant les organes reproducteurs
COLONNE (= GYNOSTEME) : Partie de la fleur regroupant les organes mâles et femelle soudés entre eux
EPERON : Expansion de la base du labelle en forme de tube, pouvant contenir du nectar
GIBBOSITES : Renflements poilus situés de part et d’autre du labelle
LABELLE : Pétale médian, de forme et de couleur remarquables
MACULE : Tache de forme particulière
MYCORHIZES : Ensemble des filaments microscopiques de champignons, étroitement associés aux racines d’une plante et lui fournissant tout ou partie de son alimentation
POLLINIE : Masse compacte et collante de grains de pollen agglutinés, pouvant être transportée par les insectes
PSEUDOBULBE : Epaississement basal de la tige sans structure de bulbe
ROSTELLUM : Pièce florale empêchant le contact direct du pollen sur le stigmate de la fleur
SYMBIOSE : Association de deux organismes s’apportant mutuellement des avantages

Anne-Marie Bourlès le 18 juin 2011

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